Article en partenariat entre la Clique Olympique et Climb Up

Afin de grimper ensemble dans un espace accessible à toutes et à tous, voilà quelques bonnes pratiques pour une escalade plus inclusive !

Garde tes conseils… Sauf si on te les demande !
Chacun·e est libre de déchiffrer / chercher / se tromper dans ses voies ou blocs. Tu n’as pas forcément envie qu’on te souffle toutes les réponses quand tu fais des mots fléchés, c’est pareil en grimpe ! On s’aperçoit que c’est souvent certains hommes qui dispensent leurs méthodes / savoir sans qu’on leur ait demandé quoi que ce soit !
La bonne pratique ? Un petit « est-ce que tu veux la méthode ? » ne fait de mal à personne !

Tu pourrais penser : « Mais les hommes se conseillent aussi entre eux, ce n’est pas forcément du mansplaining ! » Ce qui compte, c’est moins l’intention de celui qui conseille que la manière dont c’est perçu par celle qui les reçoit (1).
Alors demander d’abord, ça ne coûte pas grand chose pour éviter un malaise.

Torse nu interdit. Et c’est pas pour rien !
Depuis le COVID, pour des raisons d’hygiène mais aussi pour une cohabitation plus saine pour tous, le port du t-shirt est obligatoire.
Les salles d’escalade accueillent différents publics : familles, enfants, débutant·es, expert·es, mais aussi des client·es pour la restauration. Comme on n’irait pas dans un resto ou dans une école torse nu (même s’il fait très chaud), c’est désormais pareil dans les salles Climb Up ! Cela permet également de mettre tout le monde sur un pied d’égalité !

On entend parfois : « Moi, je grimpe torse nu, et si ça dérange les femmes, elles n’ont qu’à faire pareil. ». Mais dire cela, c’est invisibiliser que la poitrine des femmes est sexualisée, celle des hommes non, car il prime dans notre culture un regard dominant masculin et hétérosexuel, qu’on appelle le « male gaze » (2).
Les femmes évoluent ainsi dans un monde où Instagram bannit les tétons féminins mais pas masculins, car seuls les premiers sont sexualisés. Paradoxalement, si elles dévoilaient leur peau et étaient agressées, on leur reprocherait leur impudeur. Ce double standard (3) montre à quel point le corps des femmes reste soumis à des règles inégalitaires.

Fais gaffe à notre espace !
Chacun·e a le droit de pratiquer dans nos salles. Quelque soit son niveau, son genre, qu’iel soit seul·e ou en groupe ! Donc chacun·e son tour, chacun·e son espace, et chacun·e son rythme de pratique !
Tu aimes crier comme Ondra dans les voies extrêmes ? Si les 200 grimpeur·ses d’une salle se mettent à faire ça, on ne s’en sort plus !
Restons discret·es dans notre pratique ! Pas besoin d’empiéter sur l’espace des autres, ni de se faire entendre par tous·tes !

Les hommes et les femmes ne sont pas sociabilisé·es de la même manière à prendre l’espace. Les hommes peuvent avoir tendance à davantage prendre de place et faire porter leur voix (4). Prends le temps de regarder des gens se déplacer sur les trottoirs, c’est bien souvent les femmes qui se plient pour éviter de se faire rentrer dedans.
On appelle cette oppression le « sexisme spatial », et bien que les hommes puissent aussi subir les comportements d’autres hommes, c’est dans des proportions bien différentes. Alors regardons tous·tes où nous mettons les pieds!

Haut niveau ≠ priorité absolue
On a tous été débutant·e ! C’est un moment par forcément évident, on ne se sent pas toujours à sa place. Alors soyons solidaires, faisons de l’espace à chacun·e quelque soit son niveau.

L’escalade, ce n’est pas que la performance. Tout le monde ne grimpe pas pour être le·la meilleur·e ou se muscler. Certain·es veulent passer un bon moment et apprendre. N’oublie pas que les personnes issues de minorités ont besoin de « safe spaces » pour s’épanouir, et tu peux y contribuer (5).
Savais-tu par exemple que 80% des handicaps étaient invisibles et qu’il y a des chances pour qu’à
côté de toi une personne ait besoin d’un peu de temps et de patience?

Communiquer, c’est la clé !
Le « Grimper ensemble » c’est la baseline de Climb Up ! Et ça part d’une bonne communication ! Autant pour donner des conseils, échanger sur une voie ou grimper avec quelqu’un·e, n’hésitez pas à demander ce que l’autre personne aimerait faire !
Peut-être que ce jour là, elle veut grimper tranquillement dans sa voie / bloc !

Comme le dit la grimpeuse engagée Sophie Berthe : « Nommer les comportements de domination en escalade, ce n’est pas appeler à couper le dialogue entre les genres, c’est en appeler à plus d’échanges respectueux et sans hiérarchie». Alors demander avant d’agir, voire s’excuser quand on doute d’avoir bien fait, ça ne coûte rien et ça peut tout changer.
Conclusion :
Ensemble, faisons de l’escalade un espace où chacun·e se sent à l’aise, respecté·e et libre de progresser à son rythme. En adoptant ces bonnes pratiques – une communication bienveillante, le respect des autres grimpeur·euses et des règles de cohabitation – nous contribuons à une ambiance plus inclusive et agréable pour toutes et tous.
L’escalade est avant tout un partage, alors cultivons cet esprit pour que chaque session soit une expérience positive et enrichissante. Chez Climb Up, grimpons ensemble, dans le respect et la
bonne humeur.

Je le sais, on parle de « mansplaining », « male gaze », « sexisme spatial »… Certain·es seront tenté·es de dire que c’est un jargon inutile, mais ces expressions traduisent des réalités documentées et vécues par des communautés longtemps silenciées.
Alors si tu ne devais retenir qu’une chose : observe, écoute, communique, et ajuste toi. Non seulement tu feras en sorte que tout le monde
se sente mieux, mais tu gagneras aussi en qualité de relation avec les autres.
Sources :
(1) La primauté de l’intention par rapport à l’impact est théorisée dans le domaine du droit et de la justice.
(2) Le « male gaze » a été théorisé par Laura Mulvey en 1975 pour décrire comment le cinéma hollywoodien objectifie et sexualise les femmes à travers un regard masculin hétérosexuel dominant.
(3) Le double standard désigne une inégalité de jugement selon le genre, l’origine ou d’autres critères sociaux : un même acte peut être perçu différemment selon qu’il est accompli par un homme ou une femme, comme l’explique Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe (1949).
(4) Le sexisme spatial désigne la manière dont l’organisation et l’utilisation de l’espace public reflètent et perpétuent les inégalités de genre, comme le montre Pour un spatio-féminisme de Nepthys Zwer (2024).
(5) L’objectif principal d’un « safe space » est de protéger et de créer un cadre inclusif et respectueux pour les personnes issues de minorités.